Jean Langlois Admin
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| Sujet: Un meurtre datant de 1866 est élucidé Sam 17 Nov 2007 - 19:19 | |
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- Babin est représenté par un brillant avocat montréalais dont la réputation n'est plus à faire, Bernard Devlin. Quant à la Couronne, elle est représentée par un jeune avocat sans grande expérience, Thomas J. Walsh.
Plus ca change plus ..... - Citation :
- Le samedi 17 novembre 2007
Un meurtre datant de 1866 est élucidé Mathieu Bélanger Le Droit
Un soir de janvier 1866, dans le petit village de Buckingham. On frappe à la porte du révérend Jérémie Babin, pasteur de la mission St. Stephen. Dans la carriole de son frère Joseph, il reconnaît sa soeur, Marie Aglaé, 28 ans, infirme et incapable de se déplacer seule. Elle a avec elle sa petite chaise roulante. Joseph annonce à son frère qu'il lui en remet la garde et qu'il part refaire sa vie aux États-Unis. Cinq mois plus tard, le 25 juin, le corps de Marie Aglaé est retrouvé, en état de décomposition avancée, sur les rives de la rivière du Lièvre, pas très loin du village. Depuis, l'affaire est toujours demeurée mystérieuse.
Il est toutefois clair qu'une dispute avait éclaté entre les deux frères ce soir de janvier. Le révérend Babin plaide qu'il n'a rien à faire d'un boulet comme sa soeur. Il a aussi probablement honte d'elle. À contrecoeur, il accepte de la garder. Il est l'aîné de la famille et son père vit aux États-Unis depuis plusieurs années.
Très peu de gens au village avaient entendu parler de cette jeune femme infirme avant que le corps ne soit retrouvé, flottant entre les billes de bois. Le révérend l'avait installée à l'étage. En trois mois et demi, jamais elle n'a quitté cet endroit, sauf pour aller rejoindre la mort.
Elisabeth Abbott, la femme du révérend Babin, aussi cousine du député d'Argenteuil et futur premier ministre du Canada John Caldwell Abbott, était enceinte de leur premier enfant. À l'époque, plusieurs croyances absurdes vis-à-vis des personnes au physique différent circulaient. L'une d'elles disait que la vue d'une personne handicapée pouvait nuire au développement normal de l'enfant à naître.
Inconnue de tous, Marie Aglaé est d'abord enterrée sans sépulture et sans mention au registre. Le fossoyeur a remarqué que la jeune victime avait des pieds difformes. Cette nouvelle information a obligé le coroner à exhumer le corps le lendemain. Le révérend Babin a dû identifier le corps. L'autopsie a confirmé que Marie Aglaé Babin était morte noyée dans la rivière et que, ne pouvant se déplacer seule, quelqu'un l'avait forcément transportée. Sa mort remontait à la mi-avril.
Des soupçons pèsent rapidement sur Jérémie Babin. Ce dernier se défend en affirmant avoir donné 50$ - une rondelette somme à l'époque - à un résidant d'Ottawa, un certain Moïse Ledoux, pour qu'il place sa soeur dans une pension de famille, à Ottawa. L'échange, selon Babin, se fait à environ trois kilomètres de Buckingham. Le révérend devient alors un monstre dénué de toute émotion aux yeux de la population. Ce fameux Ledoux, qui pourrait innocenter Jérémie Babin, demeure toutefois introuvable.
Le 23 juillet, Jérémie Babin est envoyé à la prison d'Aylmer. Son procès débute le 23 janvier.
Babin est représenté par un brillant avocat montréalais dont la réputation n'est plus à faire, Bernard Devlin. Quant à la Couronne, elle est représentée par un jeune avocat sans grande expérience, Thomas J. Walsh.
Le procès attire les foules. Pour la première fois dans l'histoire du pays, un pasteur pourrait se balancer au bout d'une corde.
Les interrogatoires se succèdent. Le procureur de la Couronne ne fait pas le poids devant Devlin, l'avocat de Babin. Thomas J. Walsh laisse tout passer, sans objection. Pendant ce temps, Devlin fait son spectacle. Le doute a gagné le jury. La peur de tuer un innocent, un pasteur de surcroît, est bien présente au sein du jury.
Le 26 janvier au matin, après un plaidoyer banal de la part de Walsh, et sans aucun témoin oculaire du meurtre, le révérend Jérémie Babin est déclaré non coupable.
Le Ottawa Citizen n'hésite pas à remettre en question le verdict et affirme que toute cette affaire n'est que pure machination. Incapable de faire face à la pression populaire qui perdure depuis des mois et affligé par le décès de sa femme, Jérémie Babin remet ses enfants à ses beaux-parents, qui auront tôt fait de changer leur nom pour celui de Abbott. Il part ensuite refaire sa vie aux États Unis. Il mourra en 1913.
Quant à Moïse Ledoux, personne n'a jamais réussi à prouver son existence hors de tout doute.
Il vient toutefois de refaire surface, tout dernièrement. Après 140 ans de mystère, l'historien et auteur de La mystérieuse affaire Babin, une énigme enfin résolue, Raymond Ouimet, vient de mettre la main dessus, après sept ans de recherches minutieuses.
Moïse Ledoux a vraiment existé et connaissait très bien Jérémie Babin. Il est né à Beloeil, en 1817. En 1870, il travaillait sur des terres agricoles du Rhode Island, aux États-Unis.
Mais qui est-il? Quel rôle a-t-il joué dans cette histoire? Était-il dans la région au moment du meurtre? Quel lien entretenait-il avec le révérend Babin? Qui a finalement tué Marie Aglaé Babin? Le révérend, ou encore peut-être sa femme? Cette dernière n'a jamais comparu lors du procès. À l'époque, une femme n'a pas à témoigner au procès de son mari.
Raymond Ouimet a sa petite idée là-dessus. En fait, il sait qui a tué Marie Aglaé Babin. Il peut maintenant le prouver. L'historien déposera ses accusations et rendra son verdict, mercredi prochain, avec la sortie de son livre en librairie. Pour l'instant, ce secret vieux de 140 ans est jalousement gardé dans les dernières pages de son livre. | |
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