QUEBEC, le 21 nov. /CNW Telbec/ - Les représentants syndicaux de plusieurs grands médias de la Capitale nationale, soit Radio-Canada, Le Journal de Québec, Le Soleil, TVA, TQS et CHRC, s’unissent pour dénoncer les compressions annoncées au sein de plusieurs médias dans la région de Québec et la centralisation de l’information.
Dénoncée depuis plusieurs années, la centralisation de l’information vers Montréal atteindra un sommet pour les 400 ans de la Vieille Capitale, en 2008, croient les représentants syndicaux. Ces derniers ont décidé d’unir leurs voix afin de démontrer au grand public que le problème est bel et bien réel.
"Nous entendons souvent un discours rassurant à travers les lunettes roses des dirigeants d’entreprises de presse à Québec. Mais nous, qui représentons les travailleurs de l’information, sommes à même de constater que les effectifs et les moyens sont de plus en plus limités et nous glissent entre les doigts", a souligné Alex Levasseur, président du Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC), porte-parole des représentants syndicaux ci-haut mentionnés. Rappelons que de nombreuses compressions ont été annoncées récemment. On pense à la fermeture de la station de Québec du réseau de Global, qui ne maintient que deux personnes pour couvrir la colline parlementaire. Le réseau TQS a aussi annoncé la disparition de 15 postes à Québec qui ne feront qu’alourdir la tâche des travailleurs de l’information.
Du côté de TVA, on craint également des réductions de personnel. En 2006, les artisans de la plus ancienne station de télévision en Amérique du Nord produisaient six jours sur sept des émissions destinées à la population de la Capitale Nationale. Depuis octobre 2007, avec le retrait des ondes de l’émission "La vie à Québec", TVA Québec produit et diffuse seulement les bulletins d’informations "TVA midi" (portion locale de 12 min.) et du "18Heures" du lundi au vendredi. Le samedi et le dimanche, la population desservie par CFCM se voit imposer les nouvelles et les faits divers de Montréal.
En réalité, la plupart des émissions d’information à la télévision produites dans la région ont disparu, ces dernières années. Les bulletins de nouvelles locales ne font pas exception : ils sont rares voire inexistants la fin de semaine et pendant les longs congés. Au Réseau de l’information (RDI), on a coupé 4 postes au profit de Toronto, et transféré à Montréal la présentation quotidienne de l’émission "Le Québec en direct". Cette émission était présentée de Québec depuis la création de RDI, il y a plus de 10 ans.
La production d’émissions de télévision générale - autre qu’à l’information - a disparu, et avec elle, les emplois des artisans de l’audio-visuel. Les jeunes qui veulent faire carrière et vivre des métiers de la production télévisuelle doivent partir vers Montréal.
A la radio, sauf à Radio-Canada, il est devenu à peu près impossible de trouver des bulletins de nouvelles locaux la fin de semaine et pendant les longs congés. Les effectifs journalistiques y sont de plus en plus réduits en général.
A CHRC, les employés attendent l’arrivée de nouveaux propriétaires de Québec. Les trois investisseurs, Michel Cadrin, Patrick Roy et Jacques Tanguay, ont manifesté l’importance d’offrir une programmation entièrement locale, faite pour et par des gens d’ici.
Ils devraient redonner à la radio privée de Québec la qualité de l’information et du divertissement à laquelle les auditeurs sont en droit de s’attendre.
Dans les journaux, au quotidien Le Soleil, malgré la croissance des ventes, la rédaction doit éponger des abolitions de postes à la suite de départs à la retraite. Déjà, on nous annonce d’autres compressions en 2008.
En plus, depuis 2006, Le Soleil doit ouvrir ses pages à des chroniqueurs, collaborateurs, journalistes des autres quotidiens du groupe Gesca, surtout de La Presse. Il serait pourtant préférable de développer des talents locaux, d’offrir aux lecteurs qui n’habitent pas la métropole des textes, des points de vue concoctés par des gens de leur région, de leur ville.
Au Journal de Québec, rappelons que l’employeur a mis les employés de la rédaction en lock-out, le 22 avril dernier. Les demandes patronales, qui risquent fort de s’étendre à d’autres médias prochainement, feront de toute évidence en sorte de rapatrier en bonne partie l’information à Montréal.
Une étude réalisée pour le compte du syndicat de la rédaction démontre que le contenu produit par la salle de rédaction du Journal de Québec a glissé sous la barre des 25 %, en 2006. Parallèlement, le contenu montréalais a continué d’augmenter pour se situer autour de 19 %.
"Nous souhaitons conscientiser la population qui lit les journaux, écoute la radio et la télévision, face à une situation qui atteindra un point de non retour, si elle n’est pas dénoncée plus vivement", d’affirmer M. Levasseur.
Soulignons d’ailleurs que les profits des grands conglomérats propriétaires des médias, autant imprimés que diffusés, sont en hausse. Quant aux radio-télédiffuseurs publics, les gouvernements les maintiennent dans un sous-financement qui les amènent à concentrer la production dans les métropoles, au détriment des régions.
Nous croyons que l’information ne devrait pas être considérée comme une marchandise quelconque afin de permettre à des entreprises d’économiser encore et toujours plus au détriment de la qualité de l’information, élément essentiel dans notre société démocratique.
Enfin, nous profitons de l’occasion pour inviter les élus et les décideurs locaux à faire eux aussi leur part pour défendre l’information locale, en termes de quantité mais aussi de qualité.