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 Encore le mystère de Québec...

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MessageSujet: Encore le mystère de Québec...   Encore le mystère de Québec... EmptyMer 28 Mar 2007 - 7:56

Citation :
Le mardi 27 mars 2007


FRANÇOIS BOURQUE: Le mystère de Québec !

Le Soleil




Pour joindre notre chroniqueur : François Bourque


Québec avait tellement vu venir la vague de l’ADQ qu’il ne s’est trouvé personne pour s’en étonner hier soir. Sinon peut-être de l’ampleur de certaines majorités, plusieurs dépassant les 10 000 voix. La vraie surprise est venue d’ailleurs, de la force de la vague ailleurs au Québec.

Ce résultat montre que l’ADQ n’était pas qu’une humeur passagère ou régionale. L’ADQ a balayé les libéraux sur les deux rives, n’épargnant que Philippe Couillard dans Jean-Talon qui devient donc le nouvel homme fort du gouvernement à Québec.

Jamais depuis Daniel Johnson fils en 1994, la capitale n’aura eu si peu de représentants au Conseil des ministres. Cette année-là, il n’y en avait eu qu’un. Il en sera ainsi pour le mandat qui commence.

C’est Montréal qui sera contente, elle qui a souvent déploré ces dernières années ne pas avoir assez de poids au Conseil des ministres pendant que Québec en avait trop.

Depuis la poussée des conservateurs au fédéral l’hiver dernier, on a beaucoup cherché à percer le mystère de Québec : vieilles valeurs conservatrices, sentiment «anti-Montréal», frustration des jeunes contre les élites et les vieux partis, influence de la radio trash.

Tout cela avait l’air bien savant et vraisemblable, jusqu’à ce qu’on découvre hier soir que Québec n’était peut-être pas la société distincte qu’on croyait. Loin d’être la région excentrique dont on s’inquiète en pensant qu’elle n’a peut-être pas toute sa tête, Québec apparaît comme une région à l’avant-garde, celle d’où part le vent des changements politiques. Il faut reprendre la réflexion. Expliquer comment Québec arrive ainsi à flairer le vent avant les autres.

Les gens de Québec ont l’habitude de côtoyer la lourdeur et la complexité de l’administration publique. Tous connaissent des employés de l’État qui racontent des histoires de gaspillage, de lenteurs, de mauvaise utilisation des énergies et de l’argent public. Ces citoyens se sont laissé séduire par les idées simples et claires de l’ADQ.

C’est le paradoxe d’une ville qui profite de la présence du gouvernement, mais en même temps, s’en méfie et certains jours, le déteste. La surprise fut de découvrir que ce sentiment pouvait être aussi largement répandu ailleurs au Québec.

À travers le résultat d’hier soir, on détecte aussi la fracture entre la haute ville et la basse ville de Québec. L’ADQ a balayé toute la région mais n’a pas

réussi à prendre la colline parlementaire, les circonscriptions de Taschereau et de Jean-Talon lui ayant échappé. Il y a là un symbole fort.

On soupçonne souvent les citoyens de Québec d’aimer le pouvoir. Il faudra désormais nuancer. En votant pour l’ADQ, les gens de Québec ont choisi, en toute connaissance de cause de s’exclure du gouvernement. Ils ne croyaient pas que Mario Dumont serait le premier ministre et ont quand même voté pour l’ADQ. Ils ont bien failli se tromper.

Étonnamment, plusieurs ont aussi voté ADQ justement parce qu’ils pensaient que Mario Dumont ne serait pas premier ministre. Ils n’auraient pas pris ce risque s’ils avaient cru le contraire. C’était leur façon de jouer les rebelles et d’encourager le changement, même s’ils n’étaient pas encore convaincus que l’ADQ était prête à gouverner. Ceux-là aussi ont failli se tromper.

Peu de ministres au pouvoir ne veut pas nécessairement dire que Québec n’aura pas de pouvoir. À l’époque où elle avait élu uniquement des députés du Bloc, Québec a déjà fait la preuve qu’elle pouvait se tirer d’affaire sans être au Conseil des ministres.

Les nouveaux élus de l’ADQ auront maintenant un peu de temps, le temps que durera le nouveau gouvernement, pour affiner leurs connaissances des réalités de Québec dans l’éventualité où ils prendraient un jour le pouvoir. Avec l’accélération de l’histoire à laquelle on vient d’assister, cela pourrait arriver plus vite qu’on le pense.



http://www.cyberpresse.ca/article/20070327/CPSOLEIL/70327109/6553/CPSOLEIL
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