Les déboires de l'ADQ au cours de la dernière année, ainsi qu'un certain nombre de faits survenus ou dévoilés durant cette période impliquant surtout Gilles Taillon et François Bonnardel, m'ont amené à me demander s'il existe une campagne d'infiltration libérale dans l'ADQ afin de nuire à ce dernier parti.
L'idée qu'un parti politique puisse en infiltrer un autre est loin d'être déraisonnable quand on considère qu'il est admis que des gens d'un parti politique ont déjà cherché, ou même réussi, à présenter des faux candidats sous d'autres bannières.
C'est ainsi que dans sa biographie sur Jean Chrétien, Lawrence Martin révélait que Chrétien, lequel avait failli être battu par les créditistes en 1968, avait recruté un certain Antonio Genest pour être candidat contre lui sans faire campagne; Genest avait été candidat conservateur en 1972, puis candidat créditiste en 1974. De même, Tom Allison, organisateur en chef du libéral Roy Cullen lors de l'élection partielle de mars 1996 dans Etobicoke-Nord, a admis auprès du Toronto Star que si les conservateurs n'avaient pas pu trouver un candidat pour ce comté, il était prêt à présenter un faux candidat conservateur, question d'enlever des votes au candidat réformiste.
Il convient ici de préciser que je ne dispose pas de preuve formelle particulière à l'effet qu'il y a eu infiltration libérale dans l'ADQ. Mais les faits sont troublants, et à mon humble avis, il y a lieu de s'interroger. Le présent texte vise à présenter les faits m'ayant amené à me questionner. J'admets qu'il est assez long, mais il n'y avait pas vraiment moyen de faire autrement dans les circonstances...
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On sait tous depuis un certain temps déjà que François Bonnardel, député de l'ADQ du comté de Shefford, a pour conjointe la ministre libérale Nathalie Normandeau.
Il s'est trouvé bien des gens pour dire qu'il s'agissait d'une affaire de vie privée ne concernant pas vraiment le public. D'autres ont considéré que cela était un problème éthique pour Nathalie Normandeau étant donné qu'en sa qualité de ministre, elle est soumise au secret relativement aux délibérations du Conseil des ministres. Mais peu de gens semblaient sur le coup avoir considéré que l'ADQ pouvait être l'entité qui avait le plus gros problème avec cette situation.
La nomination, le 29 octobre dernier, de Bonnardel comme chef parlementaire de l'ADQ a mis en lumière les difficultés causées au parti par cette relation. Avant même sa nomination, des adéquistes pensaient qu'une telle nomination serait un problème :
- Citation :
- En coulisses, a-t-on appris hier, des adéquistes estiment que le député de Shefford est « affaibli » par sa relation amoureuse avec la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau.
Comme chef parlementaire, M. Bonnardel devrait nécessairement interroger la vice-première ministre, qui répond des faits et gestes du gouvernement quand Jean Charest est absent. (...)
http://lejournaldequebec.canoe.ca/journaldequebec/politique/provinciale/archives/2009/10/20091020-203312.html
Michel Hébert, du Journal du Québec, a eu une belle manière de présenter la situation dans sa chronique du 31 octobre dernier :
- Citation :
- M. Bonnardel a monté en grade malgré sa relation intime avec la vice-première ministre, Nathalie Normandeau. M. Taillon refuse de croire que son poulain souffrira d’un déficit d’attention quand viendra le temps de poser des questions délicates au gouvernement, quand Jean Charest sera absent. On verra bien.
http://lejournaldequebec.canoe.ca/journaldequebec/chroniques/michelhebert/archives/2009/10/20091030-185753.html
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La relation entre Bonnardel et Normandeau a été dévoilée au grand jour en avril 2009.
À l'époque il avait été révélé que Jean Charest était au courant de la situation lorsqu'il a renommé Normandeau comme vice-première ministre, en décembre 2008 :
- Citation :
- Jean Charest savait que Nathalie Normandeau entretenait une relation amoureuse avec le député adéquiste François Bonnardel lorsqu'il l'a nommée vice-première ministre à la mi-décembre. Il est «très à l'aise avec la situation» et dit avoir une «confiance totale» en sa ministre.
«Mme Normandeau m'a informé à la première occasion qu'elle fréquentait M. Bonnardel», a affirmé le premier ministre, refusant de préciser si c'était longtemps avant la mi-décembre. «Je n'ai jamais eu d'inquiétude sur les conséquences de sa relation.»
http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/200904/24/01-849819-ni-ladq-ni-le-plq-ny-voient-de-probleme.php
Remarquez bien comment Jean Charest a refusé de préciser quand il a pris connaissance de la situation.
Le refus de Charest de préciser le moment lors duquel il a appris la relation ne peut logiquement s'expliquer que par le fait que la relation devait avoir débuté pour une période de temps significative avant la renomination.
Cette renomination est survenue le 18 décembre 2008, soit dix jours après les élections générales qui ont eu lieu le 8 décembre 2008.
Il apparaît pour le moins improbable que la relation Bonnardel/Normandeau ait débuté entre l'élection et la nomination de Normandeau.
Il est tout aussi improbable que la relation ait débuté durant la campagne électorale, alors que les députés sortants se représentant aux élections sont occupés à faire campagne pour se faire réélire.
Par déduction, il est très probable que le couple Bonnardel/Normandeau s'est formé avant le déclenchement des élections de 2008. Les seules inconnues sont la date exacte lors de laquelle le couple s'est formé, et la date exacte lors de laquelle Charest a été mis au courant.
Il est par ailleurs intéressant de noter que François Bonnardel étudiait la possibilité d'être candidat à la chefferie de l'ADQ, alors même qu'il était en couple avec Normandeau.
- Citation :
- Il lui aura fallu plus de trois mois de réflexion avant d'en arriver à une décision. François Bonnardel, député de Shefford et seul élu adéquiste toujours en poste dans le 450, ne briguera pas la direction de l'Action démocratique du Québec.
«J'ai passé les derniers mois à sonder mes appuis et à préparer mon équipe en vue de la course au leadership, a-t-il confié dans une entrevue exclusive à La Voix de l'Est ce week-end. Je peux vous dire que l'envie de devenir chef m'animait beaucoup. Je voulais y aller.»
François Bonnardel estime toujours qu'il pourrait apporter un souffle nouveau, des idées nouvelles au parti jadis mené par Mario Dumont s'il en prenait la direction. Mais il est convaincu qu'un nouveau joueur a tout ce qu'il faut pour mener la destinée de son parti et d'un éventuel gouvernement adéquiste.
«L'homme de la situation, c'est Gilles Taillon, clame le député de Shefford. Ma décision finale, c'est de ne pas me lancer dans la course à la chefferie et de mettre toutes mes énergies, mon leadership et l'équipe qu'on a formée au service de Gilles Taillon. Pour moi, Gilles Taillon, c'est le candidat de l'économie, un homme crédible qui a une expérience dans le privé qui est incroyable. Je suis persuadé que cet homme-là a ce qu'il faut pour nous aider à rebâtir notre parti.»
http://www.cyberpresse.ca/la-voix-de-lest/actualites/200904/20/01-848321-bonnardel-promet-lappui-de-son-equipe-a-taillon.php
C'est le 20 avril 2009 que Bonnardel a annoncé son appui envers Taillon -- ce dernier n'étant même pas encore officiellement candidat. Mais pourquoi Bonnardel a-t-il choisi de ne pas se présenter après avoir considéré de le faire ? Il ne donne pas vraiment de raison autre que de dire que selon lui, Gilles Taillon est «l'homme de la situation».
Toujours est-il que la relation Bonnardel/Normandeau a été révélée peu de temps après l'annonce de Bonnardel à l'effet qu'il ne serait pas candidat. Voici ce qui a été écrit le 23 avril dans Le Soleil au sujet de sa relation avec Normandeau :
- Citation :
- Hors des murs de l'Assemblée nationale, où ils sont adversaires politiques, la ministre libérale Nathalie Normandeau et le député adéquiste François Bonnardel vivent une relation d'amour.
La vice-première ministre et députée de Bonaventure a confirmé elle-même la rumeur qui courait depuis quelques semaines sur la colline parlementaire.
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/politique/200904/23/01-849413-idylle-normandeau-bonnardel-la-ministre-leve-le-voile.php
La relation faisait donc déjà l'objet d'une rumeur courant depuis quelques semaines sur la colline parlementaire. Ce n'était alors qu'une question de temps avec que la rumeur parvienne aux oreilles du grand public...
Bonnardel a certes affirmé qu'il n'y avait aucun lien entre sa relation avec Normandeau et sa décision de ne pas être candidat à la chefferie de l'ADQ :
- Citation :
- (...) M. Bonnardel assure que sa relation amoureuse n'a aucun lien avec sa décision de renoncer à la direction de l'ADQ.
http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/200904/24/01-849819-ni-ladq-ni-le-plq-ny-voient-de-probleme.php
C'est peut-être bien le cas. Mais cela n'empêche aucunement que la décision de Bonnardel ait pu être causée par le fait que sa relation avec Normandeau soit désormais connue, plutôt que par le fait que la relation ait existé en soi.
Et si la relation était demeurée secrète et que la rumeur n'avait pas circulé ? Est-ce que Bonnardel aurait alors décidé d'être candidat à la chefferie de l'ADQ tout en continuant à sortir en cachette avec Normandeau ? On ne le saura jamais...
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Il est rare que je regarde la télévision pour d'autres émissions que les nouvelles, mais c'est pourtant ce que je faisais le soir du 26 novembre 2008. Ce soir-là, je suis tombé par hasard sur l'émission des Francs-Tireurs à Télé-Québec et j'ai décidé de rester à l'écoute en constatant qu'on y présentait un reportage sur François Bonnardel.
Des propos pour le moins étonnants ont été tenus lors de ce reportage. Voici la retranscription des passages pertinents de l'échange entre Patrick Lagacé et François Bonnardel :
- Citation :
- P.L. Qu'est-ce qui différencie, sur le terrain, un adéquiste d'un péquiste, d'un libéral? Un de tes amis, Jean-Claude Tremblay, qui est le candidat libéral. C'est quoi la différence entre toi puis lui?
F.B. On a chacun des valeurs différentes. C'est un gars qui prône le fédéralisme--
P.L. Sur le terrain?
F.B. Sur le terrain, on est deux connaissances. On est deux amis qui se connaissent depuis un certain temps. Les gens identifient le gars pour une formation, pour un chef. Ils identifient François pour un autre chef et une formation politique.
http://www.telequebec.tv/lesfrancstireurs/Archives/archives/280-topo.html
Intéressant de noter après coup les tournures de phrases employées par Bonnardel dans les deux dernières phrases... comme si ce que les gens «identifient» pouvait ne pas tout à fait correspondre à la réalité...
Toujours est-il qu'en apprenant que le candidat libéral dans Shefford était un ami de Bonnardel, j'ai tout de suite eu l'impression que Bonnardel avait des chances supérieures à la moyenne des députés adéquistes sortants de conserver son siège.
Le moins qu'on puisse dire est que quand deux amis se font la lutte pour le même poste politique, il est assez rare que les deux font campagne avec la même intensité. Autrement dit l'un des deux est, habituellement, un pur «poteau».
Les comtés remportés en 2003 par les libéraux et qui étaient passés à l'ADQ en 2007 ont, en très grande majorité, voté libéral à nouveau en 2008. Le comté de Shefford est l'une des rares exceptions. Hasard ? Ou autre chose ?
Les propos suivants ont été publiés le 6 novembre 2008 dans un article du quotidien La Voix de l'Est, publié à Granby :
- Citation :
- De son côté, le député sortant de l'Action démocratique du Québec, François Bonnardel, présentera aujourd'hui son équipe de campagne et en profitera pour dévoiler les grandes lignes de son programme. Pas question, dit-il, de s'asseoir sur ses lauriers. «La machine est huilée à 100 %.»
(...)
De ses adversaires, il a peu à dire, sauf sur le candidat libéral Jean-Claude Tremblay pour qui il éprouve «beaucoup de respect». «Je le connais bien. Il m'avait d'ailleurs offert son aide aux dernières élections!», lance-t-il avec une pointe d'ironie.
Jean-Claude Tremblay avoue qu'il a donné un coup de main à son «ami» à l'époque, mais en ayant pris soin de lui préciser qu'il n'était pas de la même allégeance que lui, rappelle-t-il.
«Ça me fait un peu drôle de me présenter contre François, mais ça me rassure en même temps: on ne devrait pas vivre une campagne marquée de coups de bas...»
http://www.cyberpresse.ca/la-voix-de-lest/actualites/200811/06/01-36785-prets-ou-presque-dans-shefford.php
Donc tout en étant libéral et en l'étant demeuré, Jean-Claude Tremblay a travaillé pour l'adéquiste Bonnardel en 2007, pour ensuite se présenter libéral contre lui en 2008. Trouvez-vous que ça fait du sens ? Tremblay disait trouver que «ça fait drôle» de se présenter contre son ami; le moins qu'on puisse dire... c'est qu'on le comprend !
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Lorsqu'elle a dévoilé publiquement être en couple avec Bonnardel, Nathalie Normandeau a affirmé que la relation n'avait pas pour but d'amener Bonnardel à devenir libéral.
- Citation :
- Mme Normandeau a précisé qu'elle n'a pas cherché à amener le député adéquiste à changer de camp. Elle a accordé l'entrevue sans afficher le moindre stress.
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/politique/200904/23/01-849413-idylle-normandeau-bonnardel-la-ministre-leve-le-voile.php
Remarquez l'absence de stress de Normandeau. Par ailleurs, si Bonnardel est un libéral déguisé en adéquiste, et que sa présence à l'ADQ peut encore servir les intérêts des libéraux pour un certain temps, pourquoi lui demanderait-on de devenir officiellement libéral sur le champ ? Et de toute façon, si Bonnardel est un libéral déguisé en adéquiste, serait-il exact de parler de «changement de camp» advenant qu'il devienne officiellement libéral ?
Mais ce qui est peut-être plus intéressant, ce sont les commentaires qui précèdent immédiatement dans l'article le contenu de la dernière citation.
- Citation :
- «À partir du moment où je fais mon travail correctement, en toute intégrité, je ne pense pas qu'il y a inconfort. [...] Nous [elle et M. Bonnardel], nous savons ce que nous avons à faire à l'Assemblée nationale. Sur le parquet du Salon bleu, nous devenons des adversaires. C'est comme ça. Nous sommes des professionnels.»
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/politique/200904/23/01-849413-idylle-normandeau-bonnardel-la-ministre-leve-le-voile.php
Normandeau aurait pu dire que Bonnardel et elle sont des adversaires dans leurs activités politiques respectives. Mais ce n'est pas ce qu'elle a dit. Elle a plutôt dit qu'elle et lui deviennent des adversaires sur le parquet du Salon bleu. Doit-on déduire qu'elle nous dit que ce n'est qu'à cet endroit qu'ils sont adversaires... et donc qu'ils y seraient adversaires seulement que «pour la forme» ?
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L'existence d'une relation de couple entre Bonnardel et Normandeau était connue chez les libéraux. Mais du côté du l'ADQ, c'est moins évident.
Voici ce qu'écrivait à ce sujet Tommy Chouinard dans La Presse :
- Citation :
- De son côté, François Bonnardel n'avait informé ni son chef ni ses collègues députés de sa relation avant que des journalistes soulèvent la question et que l'histoire fasse les manchettes. Il leur en a parlé hier. «Je suis très serein face à la relation que j'ai avec Nathalie. Je ne veux pas que personne ne doute de mon éthique de travail et de mon professionnalisme.» Gilles Taillon était au courant de la situation depuis un certain temps. M. Bonnardel assure que sa relation amoureuse n'a aucun lien avec sa décision de renoncer à la direction de l'ADQ.
http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/200904/24/01-849819-ni-ladq-ni-le-plq-ny-voient-de-probleme.php
Tiens, c'est drôle, Gilles Taillon était au courant... mais pas les autres adéquistes...
Michel Hébert écrivait quant à lui dans le Journal de Québec ceci :
- Citation :
- Quelques heures plus tard, le député Bonnardel a indiqué confusément qu’il avait d’abord prévenu Gilles Taillon, mais qu’il avait laissé ses collègues dans le noir.
« M. Taillon était au courant de la situation qui pouvait se passer selon certaines gens et je vous dis que je suis très serein face à cette situation-là », a-t-il dit.
http://fr.canoe.ca/cgi-bin/imprimer.cgi?id=482232
Est-ce normal d'être confus lorsqu'on est serein ? Et pourquoi Bonnardel était confus alors que Normandeau n'était elle nullement stressée ?
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Et que dire de Gilles Taillon ?
On se souvient tous qu'il a décidé d'abandonner un comté sûr pour aller se faire battre en Outaouais aux élections de 2008. Décision qui a couvert de ridicule son parti, et aussi lui-même. Plusieurs avaient carrément parlé d'un suicide politique :
- Citation :
- La décision de Gilles Taillon de quitter la circonscription de Chauveau, où il avait été élu député en mars 2007, pour se présenter dans le château-fort libéral de Chapleau, en Outaouais, avait surpris bien des observateurs de la scène politique lors de la dernière campagne électorale. Certains parlaient même de suicide politique.
http://www.cyberpresse.ca/la-voix-de-lest/actualites/200904/20/01-848321-bonnardel-promet-lappui-de-son-equipe-a-taillon.php
Cette décision faisait d'ailleurs suite à un épisode encore plus ridicule survenu lors de l'élection partielle de Hull au printemps 2008. Il avait alors été question que Taillon démissionne de son siège dans le comté de Chauveau pour se présenter dans Hull, comté où l'ADQ avait terminé en troisième place avec seulement 17 % du vote en 2007.
- Citation :
- Le député adéquiste de Chauveau, Gilles Taillon, aura eu une semaine plutôt agitée.
La télévision de Radio-Canada a en effet appris que le chef de l'opposition officielle, Mario Dumont, a refusé jeudi que M. Taillon quitte sa circonscription pour tenter sa chance dans la circonscription de Hull, en Outaouais, laissée vacante par le départ du libéral Roch Cholette.
Deux organisateurs adéquistes de l'Outaouais, Mark Bordeleau et Dany Gravel, tentaient en secret, depuis l'annonce du départ de M. Cholette, de concrétiser ce transfert. Ils voulaient amener un candidat de prestige dans la circonscription.
Selon eux, les problèmes qu'a connus M. Taillon avec d'anciens collaborateurs dans la circonscription de Chaveau semblaient ouvrir la porte à un changement de décor. Ils se disaient certains de pouvoir assurer la victoire de M. Taillon dans Hull.
Gilles Taillon a lui-même évalué la possibilité de changer de circonscription et c'est après une rencontre en tête-à-tête avec Mario Dumont, que la décision a été prise de maintenir le statu quo.
http://www.radio-canada.ca/regions/Quebec/2008/04/11/001-taillon-suite.shtml
Un homme politique sérieux et intègre ne prendrait normalement même pas la peine de réfléchir à une telle proposition. Et c'est franchement un exploit assez remarquable que d'avoir des conflits aussi majeurs avec les militants de son propre comté, vous connaissez combien d'autres députés qui ont eu ce genre de problèmes ?
Par ailleurs, bon nombre de gens ont, au fil du temps, oublié sa réaction publique face à sa défaite lors des élections générales du 8 décembre 2008 dans Chapleau :
- Citation :
- Le numéro deux de l'Action démocratique du Québec (ADQ), Gilles Taillon, met un terme à sa carrière politique, après avoir inscrit le troisième résultat dans Chapleau lors des élections d'hier.
« Non, je ne me représenterai pas dans quatre ans, a confirmé M. Taillon. Je suis à la retraite ? politique et professionnelle. »
http://www.cyberpresse.ca/le-droit/elections-quebecoises-2008/200812/08/01-808667-cuisante-defaite-pour-ladequiste-gilles-taillon.php
À peine quelques mois plus tard, Taillon avait changé d'idée. J'admets facilement que bien des politiciens «évoluent» dans leurs attitudes, mais ils ont habituellement la sagesse de laisser plus de temps passer. D'ailleurs, à l'époque, le retour de Taillon avait contribué à la perception de ridicule à son endroit et par extension à l'endroit de l'ADQ.
De même, on se souvient tous qu'il a considéré d'abandonner la course à la chefferie de son parti en annonçant que son cancer était réapparu, pour ensuite rester dans la course à la surprise générale. Mais on oublie trop facilement une décision accompagnant son maintien dans la course, soit celle de ne plus faire campagne :
- Citation :
- Gilles Taillon demeure finalement candidat à la direction de l'ADQ. Mais il délègue son équipe pour faire campagne à sa place de façon à pouvoir consacrer ses énergies au combat contre le cancer. «Bizarre», dit son adversaire Éric Caire, qui protestera auprès des hautes instances du parti.
Le député de La Peltrie dit qu'il aurait lui-même choisi de se retirer de la course dans pareille situation. Il demandera au président du comité électoral, Pierre Éloi Talbot, de vérifier si M. Taillon peut rester dans la course sans faire campagne. Joint par La Presse, M. Talbot a indiqué que Gilles Taillon ne viole aucune règle.M. Taillon a choisi d'annoncer sa décision mercredi à l'émission de Jean-Luc Mongrain, sur les ondes de LCN. «Je laisse mon nom comme candidat dans la course», a-t-il lancé.
http://www.cyberpresse.ca/dossiers/succession-de-dumont/200909/16/01-902367-taillon-reste-caire-proteste.php
En restant candidat sans faire campagne, Taillon a contribué à limiter la couverture médiatique de la course à la chefferie de l'ADQ. Difficile d'imaginer une manoeuvre qui aurait pu nuire davantage au parti dans les circonstances...
Après avoir trouvé le moyen de remporter l'élection à la chefferie de l'ADQ -- tenue soit dit en passant à l'aide d'un système de votation similaire à celui employé par les péquistes en 2005 et qui avait donné lieu à tant de rumeurs persistantes à l'effet que des libéraux avaient voté en grand nombre pour André Boisclair, gagnant de cette course -- Taillon s'est empressé de tasser Eric Caire et de nommer comme chef parlementaire nul autre que... François Bonnardel, lequel avait d'ailleurs été l'un des deux coprésidents de la campagne de Taillon lors de la course à la chefferie. Qui était l'autre ? Une certaine Linda Lapointe.
- Citation :
- Le temps qu'il se rétablisse, Gilles Taillon restera en retrait, mais les coprésidents de sa campagne, François Bonnardel et Linda Lapointe, feront une tournée du Québec.
http://www.cyberpresse.ca/dossiers/succession-de-dumont/200909/16/01-902367-taillon-reste-caire-proteste.php
Linda Lapointe avait été élue sous la bannière adéquiste dans le comté de Groulx en 2007 (elle a perdu en 2008). Sa notoriété avant l'élection de 2007 consistait surtout à avoir voulu être... candidate libérale lors de cette même élection. Comme le dit Marco Fortier :
- Citation :
- C’est là que Linda Lapointe entre en scène. Elle voulait remplacer Descôteaux qui devait quitter les libéraux pour aller au PQ. Elle a écrit à Jean Charest qu’elle voulait être candidate libérale. En attendant la réponse de M. Charest, elle reçoit une offre de l’Action démocratique de Mario Dumont. Elle accepte. Linda Lapointe devient candidate-vedette de l’ADQ.
http://marcofortier.blogue.canoe.ca/2007/03/02/la_bataille_des_girouettes
En ce mois de novembre 2009, Taillon a choisi de démissionner après avoir été à la tête de l'ADQ pendant moins d'un mois, il dit avoir contacté la police pour qu'elle enquête sur le financement de l'ADQ, il dit être victime d'un complot... que dire de plus ?
Quant à François Bonnardel, il essaie de préserver ce qui lui reste de crédibilité dans l'ADQ en prenant ses distances de Taillon, mais il le fait sans la vigueur qu'on pourrait attendre dans les circonstances.
- Citation :
- Le député de Shefford, François Bonnardel, qui a coprésidé la campagne de M. Taillon, désapprouve la sortie du chef démissionnaire. Et selon lui, il n'y a pas eu de complot. «Je n'ai pas d'information qui m'indique ça», a-t-il affirmé. «M. Taillon, je l'ai aidé dans sa campagne. J'ai été fidèle jusqu'au bout. Maintenant, je ne dis pas que je cautionne tout ça», a ajouté le chef parlementaire. M. Taillon ne l'a pas informé avant d'envoyer la lettre aux médias. «Je n'ai pas eu la chance de parler à M. Taillon plus longuement sur le sujet. Je vais prendre quelques jours pour être capable de lui parler.»
De toute évidence, François Bonnardel est ébranlé par les récents événements. Défend-il toujours M. Taillon? «Absolument», a-t-il répondu avant de nuancer: «Je ne peux pas dire demain matin que je tape sur la tête du chef qui a été l'homme avec lequel j'ai travaillé depuis 12 mois. On verra pour la suite des choses. Si M. Taillon a des indications selon lesquelles il y a eu complot, il devra le faire valoir dans les prochains jours.» François Bonnardel souhaite une succession rapide et est prêt à se rallier.
http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/200911/12/01-921031-gilles-taillon-de-plus-en-plus-isole.php
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Il y a des gens qui pensent que Gilles Taillon est seulement un homme politique maladroit. Mais est-ce vraiment possible d'être aussi maladroit que ça sans faire exprès ? Après tout, même une horloge arrêtée donnera quand même l'heure exacte deux fois par jour.
Est-ce que les faits exposés dans le présent texte sont uniquement des coïncidences qui paraissent mal ? Ou est-ce qu'on a affaire à un cas d'infiltration d'un parti politique par un autre ? À vous de juger...
-- Le couillon anonyme