La radio est pratiquement toujours ouverte quand je suis dans la maison. Autrefois, il y a quelques années, elle était toujours ouverte.
Il arrive de plus en plus souvent que je ne l'ouvre plus en me levant le matin. Autrefois c'était automatique.
Dans mon temps on faisait de la radio d'information. Notre job c'était de donner de la dope aux auditeurs pour qu'ils se fassent des opinions sur une multitude de sujet et agrandir leur connaissance.
Evidemment notre émission était un gros éditorial dans la mesure ou nous choisissions les entrevues que nous faisions et les sujets que nous abordions.
Par contre quand André Arthur commençait un segment ca ne commençait jamais par :
"Moi je".
André faisait une entrevue et allait chercher de l'information. Il faisait sortir les informations pertinentes afin que les auditeurs aient les éléments importants afin de comprendre les enjeux.
Evidemment, tout dépendant du sujet, son opinion se percevait mais cela n'était pas une opinion de gars de bar.
Parce que en ce moment, c'est de plus en plus ca la radio d'information. 2-3 personnes assis autour d'un micro qui refont le monde.
Le parallèle est d'autant plus facile à faire qu'à peu près tout les animateurs du talk à Québec sont des alcooliques si on se fie à leurs récits quotidiens d’ivresse de la veille.
Comme des piliers de bar ils se crinquent et à partir de n'importe quelles affirmations un après l'autre ils répètent autrement ce que l'orateur précédent a énoncé.
Ca fait des années qu'ils font du temps comme ca. Et au fil des années ils sont devenus paresseux. Placotter en ondes c'est plus simple que de faire des entrevues ou faire des recherches pour structurer une opinion ou développer un sujet plus en profondeur.
On s'assoit, on placotte, on donne du "Moi je pense" à tour des bras et on dit n'importe quoi.
Je reprends un exemple que j'ai récemment donné. Un animateur débat, avec lui-même je crois, de la question linguistique à Montréal. "50% de la population est anglaise à Montréal". Ca laissait entendre que ca augmentait si je me souviens bien mais peu importe.
Ca arrive de temps en temps que je vérifie les informations à partir desquelles les animateurs nous abreuvent de leurs opinions. Je n'ai plus le chiffre mais de mémoire c'est
28 % d'anglophones et c'est en régression. Il y a moins de personnes qui parlent anglais à Montréal qu'il y en a qui parle une autre langue que le français si je me souviens bien.
Le Francais est l'anglais sont deux langues d'usage en baisse à MTL. Celles qui gagnent ce sont l'arabe, l'italiens, le grecs, le vietnamien, etc.
Donc à partir d'une fausse prémisse l'animateur se lance dans un développement intellectuel
faussé et il induit ses auditeurs en erreur.
S'pas grave ... je sais. Mais dans mon temps .... C’était très grave. On avait tellement peur de se faire ramasser qu'on allait à la guerre bien armé.
Mais ca arrive souvent maintenant qu'on nous raconte n'importe quoi à la radio. Pas facile de faire 4hrs de radio, aborder 25 sujets, et tout vérifier avant de se faire aller les mâchoires.
Les gens ne travaillent plus assez pour faire autant d'heures. On s'assoit en studio et on parle de ce qui fait la machette des journaux et de la télé. On nous lis un article de journal ou on nous fait entendre des extraits de la télé. Quand on placotte pas on fait donc du temps avec du vieux stock.
Dans mon temps ..... Quand quelqu'un assoyait son steak à coté d'André il avait besoin d'avoir quelque chose à lui apprendre. Pas s'assoire pour lui tenir compagnie ou placotter.
Estie non .... Je me souviens que ce soit arrivé et mon dieu que c'était réglé pour longtemps.
Un cas personnel : J'étais sur la disparition du courtier Quirion depuis quelques jours et j'avais de l'information privilégié. J'ai fait 3-4 jours en ondes avec ca. La dernière fois fut la dernière ou j'ai parlé de cette disparition. Je n'avais rien de plus que la veille ou si peu que cela ne valait pas une intervention en ondes (ca se méritait un micro dans ce temps là) mais on avait un trou à boucher.
J'ai tout de suite perdu André. Quand j'arrêtais de parler il me reposait la même question :
"Où est Quirion ?". Il savait que je ne le savais pas et je savais qu'il le savait. Alors j'ignorais la question et je repartais avec du vieux stock. Quand j'arrêtais il me reposait la même question. 3 ou 4 fois.
Quand je suis sorti du studio j'étais plus en crisse que lui. Je suis allé dans le master pour informer l'équipe que je ne reparlerais plus jamais de ca. Arthur avait entendu et quand je suis repassé dans le fenêtre il m'a fait un gros
sincère si je me souviens bien.
On faisait de la radio pour informer les gens, pas pour faire du temps.
En ce moment plutôt que de travailler sur un produit d'information original le staf s'assoit à coté de l'animateur et placotte.
Dans mon temps ..... on parlait d'infotainement. Maintenant c'est de l'entertainement tout court. Pas certain que c'est de l'évolution.
Une chose aussi qui n'aide pas les animateurs actuellement, c'est que le Québec stagne dans les mêmes histoires depuis une vingtaine d'années. Politiquement, socialement et économiquement le Québec stagne. Pas facile d'être original dans les opinions.
Pensez au séparatisme au Québec. C'est dans l'actualité depuis 40 ans. Qu'est-ce qu'on peut ajouter ? Pourtant il en est question tous les jours. Socialement y a-t-il quelque chose qu’on peut dire de plus que ce qu’on dit sur l’éducation depuis 10 ans ? Économiquement : un seul exemple, La Davie qui est le symbole de ce qui ne marche pas économiquement au Québec.
C'est quoi les nouveaux enjeux au Québec ? La médecine ? Le sauvetage de la culture et de la langue ? Pour ou contre l’école privé ?
Ca aussi ca fait 10 ans que tout a été dit.
La radio me rejoint 5-6 heures par jour mais je l'entends de moins en moins.
Je ne sais pas si ca répond à votre question ?