Publié le 12 avril 2010 Mis à jour à 20h57
Sortir FM enverra un touriste dans l'espace
Pierre-André Normandin
Le Soleil
(Québec) La compétition entre les radios de Québec vient d'atteindre un nouveau sommet. La thermosphère, pour être précis. Après un premier lancement décevant, la station Sortir FM s'organise «un nouveau décollage» grâce à un concours pour envoyer l'un de ses auditeurs dans l'espace. En espérant amener du coup son auditoire en orbite.
Lancée en mars 2009, la station avait d'abord obtenu des résultats décevants dans les sondages BBM, terminant en queue de peloton avec à peine 14 100 auditeurs. Après avoir obtenu une nouvelle fréquence et une nouvelle antenne plus puissante, ses dirigeants espèrent maintenant créer l'engouement en faisant tirer une place à bord d'un vol suborbital.
S'inspirant des nombreuses chasses au trésor organisées en Europe, le propriétaire de Sortir FM, Louis Massicotte, souhaite attirer l'attention avec son concours «le touriste de l'espace», une sorte de course à la sauce Da Vinci Code. Les auditeurs devront en effet résoudre des énigmes concoctées par les géographes et historiens Henri Dorin et Pierre Lahoud. Mais contrairement au rythme effréné du best-seller, la course s'étendra sur deux mois, les indices devant être dévoilés au jour le jour durant les émissions.
Le fameux billet pour ce vol suborbital a été découpé en trois parties qui, une fois placées dans des capsules, seront cachées sur le territoire de Québec. Les trois premiers à les trouver pourront participer au tirage final. Une quatrième personne, cliente du commanditaire Maisons Laprise, sera également éligible.
La compagnie Space Adventures qui a organisé le voyage de Guy Laliberté dans l'espace en septembre dernier a confirmé au Soleil sa participation.
«Ce n'est pas un poisson d'avril», a indiqué une porte-parole, Stacey Tearne. Celle-ci précise toutefois que le grand prix du concours n'était pas un voyage dans l'espace comme le laisse entendre le nom du concours, mais plutôt un vol suborbital.
Lorsque la technologie sera disponible, le gagnant voyagera à 100 km d'altitude, soit la limite théorique fixée entre la Terre et l'espace. En comparaison, un avion de ligne vole à 10 km d'altitude. Dans ce vol de 90 minutes en partance du Nouveau-Mexique, aux États-Unis, les passagers vivront cinq minutes d'apesanteur, promet l'entreprise. Le responsable marketing, Tom Shelley, sera de passage à Québec le mardi 20 avril pour exposer les détails techniques du vol. C'est à cette même occasion que seront dévoilés les détails de la chasse au trésor.
Pas que les milliardaires
«À ce jour, seulement huit êtres humains ont été touristes de l'espace. Ce furent tous des milliardaires. Cette fois-ci, ce pourrait être un chauffeur de taxi, une infirmière, un retraité. Ça peut être n'importe qui qui va se trouver à Québec», s'est emballé Louis Massicotte.
Loin de la vingtaine de millions de dollars nécessaires pour un séjour spatial comme celui effectué par Guy Laliberté en septembre 2009, un billet pour un vol suborbital se détaille à 102 000 $US. Sortir FM affirme pour sa part investir dans ce concours la bagatelle de 500 000 $.
Louis Massicotte souligne que l'événement sera réalisé sans subvention aucune. Présent lundi, le maire de Québec, Régis Labeaume, a assuré qu'il était simplement venu prêter sa notoriété au concours et que la Ville de Québec n'investirait «pas une cenne» dans l'aventure.
Ce concours coïncide avec l'imminente reprise de la programmation de Sortir FM, même si aucune date précise n'a été annoncée. Si la station misera sur la radio parlée, Louis Massicotte assure qu'elle se positionnera «à l'inverse de la radio poubelle» en tant que «radio "plus belle", une radio qui va valoriser la région, qui peut critiquer, mais de façon constructive, qui va respecter l'auditoire et les gens en général».
Le maire donne son appui
«On trouve ça fou, c'est spécial, ça va faire parler. C'est bon pour Québec.» Le maire de Québec, Régis Labeaume, a tenu à défendre sa participation à la campagne promotionnelle de Sortir FM. Après les critiques essuyées pour avoir brandi une canette de boisson énergisante en plein conseil municipal, celui-ci s'est dit «parfaitement à l'aise. C'est une entreprise et on veut que ça marche».
M. Labeaume a même attribué les questions des journalistes sur sa présence au lancement du concours à la compétition entre les médias. «C'est parce que c'est dans le domaine des communications et, vous autres, ça vous achale parce que vous êtes compétiteurs entre vous autres. Ça, c'est votre domaine et ça ne me regarde pas. On le fait dans plein de domaines. Quand c'est des gens de Québec qui nous demandent d'aider, dans la mesure où on peut le faire, on le fait.» Et d'ajouter que le concours permettra d'attirer des touristes dans la capitale. «Des gens vont venir participer à ça. À partir du moment où c'est payant pour la ville, nous, on est là.»