- Citation :
- De plus en plus d'annonceurs québécois commencent à retourner leurs placements publicitaires vers les médias d'information au détriment des géants du web.
L'Association des agences en communication créative, ou A2C, qui regroupe les agences de publicité du Québec, annonce avoir recueilli plus de 75 engagements d'entreprises, d'organismes et d'agences à consacrer au moins 25 % de leurs placements publicitaires numériques à des médias d'ici.
- Citation :
- A2C avait lancé il y a trois ans le Mouvement média d'ici, appelant les entreprises à soutenir les médias par cet engagement d'y investir au moins le quart de leurs achats publicitaires.
Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1996941/entreprises-publicite-loi-nouvelles-geants-web
Au risque d'indisposer certains lecteurs, je dois dire que j'ai un profond malaise avec ce genre d'initiative.
À partir du moment où une publicité vise à «soutenir» un média, plutôt que d'avoir pour seul but de communiquer avec le public, on devient en droit de dire que l'acheteur de publicité endosse en quelque sorte ce que le média fait et dit.
Un acheteur de publicité ne peut plus prétendre seulement vouloir rejoindre le public par sa publicité, même si c'était sa volonté au départ, si le média retenu présente cet acheteur de publicité comme quelqu'un qui choisit de «soutenir» ce média.
Même si un média en particulier s'abstient de faire ce genre de proclamation, si les autres sont assez nombreux à le faire, ça va nécessairement créer un climat où tout le monde va en arriver à cette conclusion pour n'importe quelle campagne, sans égard à l'intention de l'acheteur de publicité.
On ne peut pas présenter l'achat de publicités dans les médias comme une façon de «soutenir» les médias, sans du même coup renoncer implicitement à une indépendance du contenu des médias face aux commanditaires.
Certains diront qu'il y a toujours eu une influence des commanditaires sur les médias. C'est vrai, mais la concurrence et la fierté des artisans venaient limiter en pratique les dégâts. La concurrence n'étant plus ce qu'elle était, le changement dans la nature de la relation entre le commanditaire et le média aura forcément un impact d'autant plus grand.
Est-ce que cette redéfinition est vraiment le seul moyen pour les médias de vendre des publicités en quantité suffisante ?
-- Le couillon anonyme