Invité Invité
| Sujet: Méthode efficace pour évaluer les maires? Dim 13 Juil 2008 - 10:16 | |
| - Citation :
- Le dimanche 13 juillet 2008
JEAN-SIMON GAGNÉ: Déjà fatigué du 400e?
Le Soleil
Québec
Un peu las du concert de louanges et des cris de béatitudes qui entourent les célébrations du 400e? Alors on vous conseille la lecture de Québec, ville dépressionniste, un pamphlet qui égratigne l’image de carte postale et de village-vacances collée à la Ville de Québec comme un poisson-pilote à son requin d’adoption.
Le livre est fortement déconseillé aux maires du passé, du présent et du futur. À ceux pour qui le campus de l’Université Laval constitue un modèle de chaleur et d’humanité. À ceux qui trouvent de la poésie au boulevard Hamel. À ceux qui prennent leur pied en magasinant chez Wal-Mart ou qui rêvent de présider une chambre de commerce. Et l’on peut conclure cette liste en ajoutant ceux qui adorent les tartines de beurre d’arachide mélangé à la confiture, même si cela commence à faire beaucoup de monde...
Les auteurs de Québec, ville dépressionniste, écrivent plutôt bien. Leur description de l’infâme rue Xi’an, dans ce qui fut jadis le quartier chinois de Québec, relève du pur délice.
«À force de passer le bulldozer sur tout ce qui s’était créé naturellement, Québec est devenue dépressionniste, écrivent-ils. Et l’ennui que ressentent ses habitants vient le confirmer. La ville a dépéri ostensiblement sous sa muséification, son abandon à la spéculation grossière, son conservatisme grandissant, son esprit policier et sa dissolution dans les océans de périphéries conformistes.»
Excessif? Sans doute. Reste que depuis 20 ans, Québec a passé le plus clair de son temps à tenter de réparer les horreurs du passé. La promenade Samuel-De Champlain, qui redonne un accès au fleuve longtemps bloqué par une absurde autoroute, en constitue l’exemple le plus récent.
Et on voudrait que personne ne demande comment de telles idioties ont été possibles?
Il y a quelques années, le magazine américain The Atlantic proposait une méthode originale pour évaluer les politiciens du passé. Au lieu d’examiner leurs réalisations ou leurs grandes idées, il suggérait de se baser sur le temps qu’il avait fallu pour réparer leurs erreurs.
Le magazine évoquait les présidents américains, mais rien n’interdit d’appliquer la méthode à nos administrations municipales.
«L’une des meilleures façons de juger un président, c’est de se demander : est-ce qu’il a résolu davantage de problèmes qu’il n’en a créés lui-même? écrivait The Atlantic. L’exercice se révèle beaucoup plus impitoyable qu’il n’y paraît. Parce que l’image des présidents est brouillée par la partisannerie (...).»
En attendant le jugement de l’histoire, le magazine se proposait de noter le temps qu’il faudrait pour réparer quatre erreurs de l’administration Bush. Dans l’ordre et dans le désordre, il mentionnait le chaos des finances publiques, la guerre en Irak, la détérioration de l’image des États-Unis dans le monde et les impacts d’une guerre au terrorisme qui échappe à la loi.
Fiou! À vue de nez, ça constitue l’œuvre de deux ou trois vies. Peut-être plus. En tout cas, le prochain président a intérêt à posséder un don pour le replâtrage...
Changement de sujet, pour conclure.
J’écrivais récemment que les médias français deviennent complètement gagas lorsqu’ils parlent du Québec. «Si les revues françaises déraillent autant à propos du Québec, il vaut mieux ne pas savoir ce qu’elles racontent sur des coins plus exotiques, disons l’Iran ou la Mongolie.»
J’espérais me tromper. Quel naïf j’étais!
Quelques jours plus tard, dans un article consacré aux erreurs d’un reportage de Paris Match consacré au Québec, le quotidien Libération a publié un extrait de mon texte. L’ensemble était coiffé de l’image d’un panneau de signalisation routière prévenant les conducteurs de la présence d’orignaux, comme on en voit beaucoup sur nos routes.
«Non, le Québec ne se résume pas aux caribous», proclamait le bas de vignette.
Cette semaine, Le Courrier international a repris mon texte. Rien à redire, sauf qu’on y annonce d’entrée de jeu que Le Soleil est un quotidien... montréalais.
Cessez-le-feu, les amis. J’abandonne. Accrochez-vous au pinceau, j’enlève l’échelle.
http://www.cyberpresse.ca/article/20080713/CPSOLEIL/80712137/6553/CPSOLEIL |
|