Radiothon Corus/Sainte-Justine : oseront-ils parler de...

Ce mercredi (17 novembre 2010), les auditeurs des stations de Corus auront droit, une fois de plus cette année, à un radiothon lors duquel de l'argent sera quêté toute la journée au profit de la fondation de l'Hôpital Sainte-Justine.

Ça va certainement donner de la radio de mauvaise qualité et de bien mauvais goût, et ne serait-ce que pour cette raison, l'initiative me semble bien déplorable.

Ceci étant dit, il y a un fait relativement peu connu au sujet de l'Hôpital Sainte-Justine, grâce à la paresse des médias (ou serait-ce autre chose ?).

On y pratique des avortements au troisième trimestre de la grossesse, donc après le seuil de viabilité (point à partir duquel un enfant né vivant peut survivre, si on lui donne des soins appropriés).

Le Comité de bioéthique de l'établissement a publié en janvier 2007 un avis intitulé «Interruption de grossesse du troisième trimestre pour anomalie foetale». On peut consulter une version PDF de ce document à l'aide de ce lien.

Voici quelques faits saillants tirés de ce document :

• Des avortements au troisième trimestre étaient déjà pratiqués lorsque le Comité a publié son avis.
  
• Ces avortements seraient «presque exclusivement» pratiqués pour des «raisons médicales».
  
• On affirme qu'«on rapporte également certains motifs différents», faisant référence à des «situations "précises" associées à des conditions "sociales" particulières».
  
• L'avis n'explique pas ce qu'on entend par «raisons médicales», ce qui pourrait être significatif quand on sait que pour certains (par exemple la Coalition pour le droit à l’avortement au Canada), «tous les avortements sont médicalement requis», et que la santé maternelle a souvent été au plan historique un faux prétexte pour justifier légalement ou socialement certains avortements de nature élective.
  
• Le Comité recommande spécifiquement que la pratique d'avortements au troisième trimestre en cas d'anomalies foetales graves soit considérée comme acceptable; rien dans la formulation de cette recommandation ne limite cette acceptabilité aux seuls cas d'anomalies foetales.
  
• Voici ce que le Comité a à dire au sujet des avortements au troisième trimestre pratiqués pour d'autres motifs que la présence d'anomalies foetales :

  Citation :

  Que, lorsque se présentent des situations ambiguës et aux confins de celles discutées dans le présent avis, les professionnels accordent une grande attention à l'écoute des familles et à la discussion des différentes perspectives en jeu, de manière à favoriser la meilleure décision dans les circonstances.
  
  Par cette recommandation, le Comité veut souligner que les médecins se retrouvent parfois aux prises avec des situations tant bio-médicales que psycho-sociales que l’on peut qualifier de «zones grises» et qui n’entrent pas dans le cadre précis du présent avis. Ces situations doivent être accueillies et traitées dans le même esprit que celui qui a prévalu aux recommandations du Comité.

  Traduction : considérant l'ensemble du document, il est évident qu'on endosse comme acceptable l'avortement au troisième trimestre sans limitation sérieuse sur les motifs.
  
• Vérification faite, absolument rien sur le site Internet de Sainte-Justine ne permet de penser qu'il y a eu un changement d'opinion ou de pratique à ce sujet de la part du Comité de bioéthique ou de l'hôpital lui-même.

Est-ce qu'on osera parler de ces avortements au troisième trimestre lors du radiothon ? Permettez-moi d'en douter fortement...

-- Le couillon anonyme

Pour fins d'informations, voici ce qu'un certain Henry Morgentaler avait à dire en 2004 sur les avortements au troisième trimestre de la grossesse.

Citation :

Morgentaler said he has concerns about late-term abortions.

"We don't abort babies, we want to abort fetuses before they become babies," Morgentaler said from his Toronto clinic.

"Around 24 weeks I have ethical problems doing that."

Morgentaler said the late-term abortions are mainly performed on women who have learned of severe birth defects during tests performed late in pregnancy and on teenage girls who have tried to hide their pregnancy.

"What we do at our clinics is if we have a problem like that we usually council the woman to continue the pregnancy and put it up for adoption if she is unable to care for it," he said.

http://www.ctv.ca/CTVNews/Canada/20040912/quebec_abortion_040911/

Et voici ce qu'Alain Gravel (Enquête à la télévision de Radio-Canada) avait à dire à ce sujet en 2008, à la suite d'un reportage prétendant faussement qu'aucun avortement n'était pratiqué après 24 semaines de grossesse au Québec :

Citation :

On voit bien que, malgré les années, le débat autour de l'avortement reste extrêmement délicat.

Peu de gens au Québec remettent aujourd'hui en question le droit pour les femmes d'obtenir un avortement libre et gratuit.

Mais je ne m'étonnerais pas de voir la « chicane » reprendre, si les autorités admettent que des équipes médicales effectuent des avortements autour de 30 semaines.

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/carnets/2008/03/07/98366.shtml?auteur=2097

Une note en passant : à ma connaissance, les avorteurs ne sont pas des bénévoles. Comment peut-on alors parler d'avortements «gratuits» ?

-- Le couillon anonyme

Couillon anonyme a écrit:

On y pratique des avortements au troisième trimestre de la grossesse, donc après le seuil de viabilité (point à partir duquel un enfant né vivant peut survivre, si on lui donne des soins appropriés).

Le foetus a entre 6 et 9 mois ?

Des parents pas "prêt" à élever un enfant handicapé doivent-ils être condamné à vie ? Quelle est la qualité de vie d'un être malade ?

Personnellement, un avant pas désiré ne devrait juste pas voir le jour...

Citation :

Couillon anonyme a écrit:
On y pratique des avortements au troisième trimestre de la grossesse, donc après le seuil de viabilité (point à partir duquel un enfant né vivant peut survivre, si on lui donne des soins appropriés).

On parle ici d'enfants qui,s'ils survivent à l'accouchement,auront une qualité de vie 0 et dont les parents vont se crever à la lutte.

Comparer ou même prendre une citation de Morgentaler est odieux,Ste-Justine est un des rares hopitaux du québec à avoir une réputation internationale.

Avant d'avoir mon fils on a fait tous les tests imaginables et l'hésitation aurait été 0,même l'avoir su sur le tard.

Lorsqu'on découvre à 6 mois que le bébé a un grave problème est-ce de la négligence ou il y a des trucs qu'on ne peut pas voir avant ?

mr.incroyable@hotmail.fr a écrit:

On parle ici d'enfants qui,s'ils survivent à l'accouchement,auront une qualité de vie 0 et dont les parents vont se crever à la lutte.

Je vous inviterais à relire le message initial avec une plus grande attention. Votre commentaire vaut pour une partie de ces avortements de troisième trimestre, mais pas la totalité, et peut-être même pas la majorité.

mr.incroyable@hotmail.fr a écrit:

Comparer ou même prendre une citation de Morgentaler est odieux,Ste-Justine est un des rares hopitaux du québec à avoir une réputation internationale.

Je ne suis pas certain de comprendre ce passage.

-- Le couillon anonyme

Jean Langlois a écrit:

Le foetus a entre 6 et 9 mois ?

Vous avez tout compris.

-- Le couillon anonyme

Je ne veux pas trop m'avancer sur cette question, n'étant pas un expert en la matière.

Ceci étant dit, les tests prénataux ne sont pas toujours exacts et cela peut retarder la découverte de certaines anomalies foetales. Certaines anomalies sont plus difficiles à trouver. Par ailleurs, la découverte tardive d'anomalies foetales peut également être due à une absence de tests faits auparavant; il faut dire que certains tests (amniocentèse et surtout choriocentèse, entre autres) comportent des risques pour la mère et/ou le bébé (dont un risque de fausse couche de l'ordre d'un pourcent). L'échographie est plus sécuritaire, mais elle est aussi sujette à manquer des anomalies -- le positionnement du bébé, le poids de la mère et la quantité de liquide amniotique peuvent influencer la capacité de trouver des anomalies.

Une échographie a normalement lieu au Québec à la 20e semaine de grossesse; le foetus est alors âgé de 18 semaines.

-- Le couillon anonyme